Virgin suscite les convoitises de la Fnac et de Butler capital

Publié le par Stéphane Jeanneteau

virgin.jpgLa vente de Virgin se précise. La chaîne de distribution de biens culturels, filiale du groupe Lagardère (également actionnaire du Monde) devrait bientôt changer de main. Selon nos informations, la date limite de remise des offres a été fixée le 6 octobre pour une vente qui pourrait être annoncée fin octobre-début novembre. Lagardère a confié le mandat de vente à la Société Générale. Des rumeurs avaient couru fin juillet, mais Lagardère comme Virgin les avaient démenties. "Nous nous posons la question de la pérénnité des magasins Virgin au sein du groupe, mais aucune décision n'est prise pour le moment", s'est contenté d'affirmer Arnaud Lagardère le 13 septembre dans une interview aux Echos. Mais cette fois le processus est entré dans sa phase finale.

Deux candidats se sont montrés intéressés par les 34 magasins Virgin et les 17 Furet du Nord : la FNAC et le fonds d'investissement Butler Capital, qui serait prêt à monter un tour de table avec l'actuel patron de Virgin, Jean-Noël Reinhart. Ce dernier n'a pas voulu commenter.

Pour la FNAC, l'intérêt stratégique est évident. La disparition de son principal concurrent lui offrirait un véritable boulevard. Mais sa candidature n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes. Sur le plan de la concurrence, la situation serait problématique dans la plupart des zones de chalandise. L'idée serait sans doute de racheter l'ensemble pour vendre dans la foulée la plupart des magasins de province pour ne garder que le navire amiral : le Virgin Megastore des Champs Elysées. Ce qui permettrait de doubler la surface de vente à cette adresse prestigieuse. Les magasins de province pourraient intéresser des concurrents comme l'allemand Bertelsman ou le Français Cultura. "Il n'y rien d'officiel, on ne commente pas", repond la FNAC.

En revanche, sur le plan social, l'affaire s'annonce complexe. Outre la disparition de la marque Virgin, le rapprochement entre les deux concurrents aboutirait à une inévitable casse sociale, notamment avec la suppression du siège social de Virgin. Cet argument incitera sûrement le groupe Lagardère à étudier de près la seconde offre, même si celle-ci risque d'être moins disante sur le plan financier. Butler Capital, qui a repris en 2006 la SNCM, est un fonds atypique, qui s'est spécialisé dans les reprises d'entreprises en retournement. Atout pour Butler : Lagardère, qui vient de rebaptiser Europe2 "Virgin", aurait tout intérêt à céder l'enseigne à un repreneur qui conserve la marque pour créer des convergences entre l'enseigne et sa chaîne de radio et de télévision.

Quoi qu'il arrive, Arnaud Lagardère solde là l'une de ses premières décisions de dirigeant, alors qu'il n'avait pas encore pris les rênes du groupe fondé par son père. Le bilan n'est pas glorieux. Acheté 150 millions d'euros en juillet 2001, à la veille de l'explosion de la musique numérique, Virgin est très vite entré dans une crise structurelle avec un marché - le disque - qui était en train de se dérober sous ses pieds. La direction de Virgin entame alors une course contre la montre : alors que les ventes de disques s'effondrent de près de 50 % en 5ans, Virgin tend vers un concept de distribution diversifiée. Ainsi, en 2006, la librairie est devenue le premier métier du distributeur. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires du livre et de la papéterie équivaut à celui du disque et du DVD. Le virage est brutal mais pas suffisant. Malgré une rentabilité revenue à 3 % en 2006, le retour sur investissement pour Lagardère est globalement négatif. Le groupe a ainsi passé dans ses comptes du premier semestre une provision de 60 millions d'euros pour dépréciation d'actif. Ce qui aboutirait à une valorisation autour de 90 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 290 millions.

Source : www.lemonde.fr

Publié dans Les news

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