RFID : l'étiquette intelligente qui va révolutionner la distribution

Publié le par Stéphane Jeanneteau

RFID : l'étiquette intelligente qui va révolutionner la distribution
Après avoir prouvé son efficacité dans des applications niches de l'industrie, du transport ou de l'élevage, la RFID se prépare à produire des milliards de tags pour les géants de la grande consommation et de la distribution.
 
Boris Mathieux , 01 Informatique, le 23/04/2003 à 07h00
 
La technologie a fait ses preuves. Couramment intégrée aux anti-démarreurs de véhicules ou aux systèmes de contrôle d'accès, l'identification par fréquences radio (RFID) est aussi apparue dans les applications de collecte de péages autoroutiers à distance, de transport ­ la carte Navigo de la RATP, par exemple ­ ou de paiement mobile, comme le Speedpass des stations Exxon/Mobil (5 millions d'abonnés).
 
Moins connues du grand public, ses utilisations dans la gestion de l'approvisionnement ­ essentiellement à travers le pistage des contenants industriels, comme les containers, palettes, chariots métalliques et autres bouteilles de gaz ­, l'identification des animaux domestiques et la gestion de parcs ­ ordinateurs, livres, vêtements de travail, etc. ­ se multiplient également.
 
L'ensemble de ces applications représente l'essentiel du marché de la RFID aujourd'hui. Soit un chiffre d'affaires 2002 de plus de 500 millions d'euros pour la seule Europe, selon le cabinet Frost Sullivan. Ces systèmes RFID comprennent à la fois des marqueurs-transpondeurs (contraction de « transmetteurs » et de « répondeurs »), actifs ou passifs, des lecteurs et des logiciels.
 
Comprenant ou non une puce, une antenne et un packaging, le marqueur peut être intégré sur une étiquette autocollante, une carte magnétique, ou directement dans un objet. Compte tenu de la baisse du prix des marqueurs (ou « tags ») et de leurs lecteurs, mais aussi du développement des standards, Frost Sullivan prévoit une croissance annuelle d'environ 30 % pour les six prochaines années.
 
Des milliards de tags en perspective
 
Ce domaine de la RFID pourrait profiter d'un nouveau marché potentiellement colossal : l'identification d'objets, dont les protagonistes ne seraient autres que les géants de l'industrie des biens de grande consommation (CPG - Consumer Packaged Goods) et de la grande distribution. Jusqu'à présent cantonnée dans les processus internes de l'entreprise, l'identification de personnes ou les titres de transport, la RFID se contente aujourd'hui d'une production annuelle d'environ 150 millions de tags.
 
Demain, la mise en place d'étiquettes intelligentes sur les articles des supermarchés pourrait rapidement représenter un marché de plusieurs milliards d'unités. Et, surtout, conduire à une approche radicalement différente de leur utilisation : le marqueur deviendrait un consommable universel à faible coût, dont l'information serait utilisée dans un système ouvert, allant de la production à la distribution.
 
La normalisation en cours de ces technologies ­ publication des normes ISO 18 000 prévue pour fin 2003 ou début 2004 ­ devrait aider à leur adoption. La série 18 000 (125 kHz, 13,56 MHz, 2,45 GHz, 860-926 MHz et 433 MHz) s'intéresse, en effet, aux technologies de fréquence radioélectrique (RF) permettant d'identifier des objets ­ par opposition à celles jusqu'ici réservées aux véhicules ou aux animaux.
 
Ces technologies RF se différencieront également de celles liées aux cartes d'accès et aux titres de transport ­ norme bande des 13,56 MHz. La standardisation étant en bonne voie, les utilisateurs sont aujourd'hui plus particulièrement attentifs au prix. Mais ce prix dépend lui-même du nombre de grands clients... La question est donc maintenant de savoir quand interviendra le cercle vertueux de l'augmentation des volumes et de la baisse des prix !
 
Un bon ROI pour les biens de valeur ou à fortes marges
 
Une situation incertaine, illustrée par l'initiative de Gillette en novembre dernier, qui avait annoncé la commande de 500 millions de tags EPC auprès d'Alien Technology. Début 2003, le RFID Journal rapportait que la commande ne devait plus concerner qu'une part significative de la somme initiale. Depuis, dans un tout autre périmètre, Gillette a révélé participer à un projet pilote dans un point de vente Tesco visant à tester des linéaires intelligents, les tags étant placés au niveau des cartons et palettes.
 
« La RFID sera viable pour les produits de grande consommation en circuit ouvert. Mais elle se limitera, dans un premier temps, au niveau logistique de la palette ou du carton » , analyse Xavier Barras, responsable de projet identification automatique et codification de Gencod EAN France.
 
De leur côté, Philips et l'intégrateur italien Lab ID ont annoncé qu'ils envisageaient d'identifier les vêtements de la marque Sisley et les boîtes d'expédition United Colors of Benetton avec la solution de Lab ID. Ils comptaient utiliser notamment des puces I-Code de Philips. Les articles Benetton devaient ainsi être suivis électroniquement de l'usine à ses 5 000 points de vente, sans comptage ni vérifications manuelles.
 
Une récente communication du groupe de prêt-à-porter a toutefois assuré n'en être qu'au stade de l'analyse de la technologie, souhaitant rassurer les consommateurs sur l'utilisation des données personnelles. Une expérience similaire dans un magasin pilote de la chaîne Gap aurait permis d'augmenter le chiffre d'affaires de 5 %. Et cela grâce à l'amélioration de la disponibilité des articles.
 
Cependant, le cabinet AMR Research estime que le marquage d'articles avec des étiquettes RFID à 30 ou 40 centimes d'euros l'unité ne présenterait un retour sur investissement satisfaisant que pour les biens de valeur ou ceux présentant de fortes marges (vêtements, enregistrements musicaux et vidéo...). Par ailleurs, notons que si les articles taggés commencent à sortir des usines et des entrepôts, ils restent toutefois, la plupart du temps, dans des circuits de distribution fermés, contrôlés par les fabricants qui mettent en oeuvre la RFID.
 
Un face-à-face RFID/codes-barres pour un certain temps
 
Bref, les étiquettes RFID ne concurrencent pas encore l'universalité du code à barres. Celui-ci a mis près de dix ans à s'imposer, à partir du début des années 80. Pourtant, les tags présentent de nombreux avantages. Par exemple, ils contiennent davantage d'informations, peuvent les modifier et les intégrer discrètement dans toutes sortes d'objets, et permettent deux cents lectures à la seconde sans contrainte de « ligne de vision ».
 
Mais le code à barres présente encore deux arguments de poids : il coûte peu cher à l'impression ­ presque rien lorsqu'il est intégré dans le packaging ­ et profite d'un parc installé de lecteurs considérable. Le code à barres et la RFID sont donc appelés à coexister pendant longtemps encore.
 
« Un de nos clients, industriel de l'agroalimentaire, gère ses stocks avec les codes à barres et utilise la RFID pour la traçabilité de ses matières premières » , atteste ainsi Bernard Jeanne-Beylot, directeur marketing et nouvelles technologies d'IER, un intégrateur des deux technologies.
 
Enfin, l'avènement de la RFID dans les circuits de distribution ouverts dépendra aussi de son adoption par les grandes chaînes de supermarchés. Toutefois, les choses pourraient s'accélérer : l'adhésion des plus grandes d'entre elles ­ Wal-Mart, Tesco, Metro, etc. ­ au centre américain de recherche Auto-ID, à vocation normalisatrice, montre leur volonté de participer à cette transition.

Publié dans Domaines IT

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