Le ''hard discount'' entre dans l'univers automobile
CHARLES GAUTIER. Publié le 18 novembre 2006
Les ouvertures de grandes surfaces à bas prix se multiplient depuis le début de l'année.
APRÈS l'alimentaire, l'habillement ou encore les voyages, c'est au tour de l'automobile de connaître le phénomène du « hard discount ». Il ne s'agit pas de la voiture à 5 000 euros mais de pièces autos distribuées en grande surface spécialisée et vendues entre 30 et 50 % moins cher que dans les réseaux traditionnels. Pneus, courroies de distribution, huile, radios, jantes ou plaquettes de frein... sont référencés par milliers. Les équipements proviennent parfois de Chine, mais des marques connues y sont également proposées.
Déjà certaines enseignes s'imposent : Carter Cash, émanation de Norauto, Leader Centre Auto, filiale du groupe FAP, ou même France Pièces Automobiles. Plus de trente centres spécialisés se sont ouverts depuis le début de l'année. Il faut dire que le marché des pièces à bas prix est prometteur. Il vise le segment de marché occupé par les casses automobiles, dont la valeur est estimée à plus de un milliard d'euros. C'est aussi une réponse à l'offensive des services de « dépannage minute » des constructeurs automobiles, qui tend à concurrencer les enseignes traditionnelles.
Ainsi, Norauto a créé voici quelques mois une nouvelle filiale spécialisée, Carter Cash, qui compte aujourd'hui huit magasins. La recette est sans surprise : ces centres sont peu sophistiqués. Le personnel est deux fois moins nombreux que celui d'un centre classique. Quant aux approvisionnements, ils s'effectuent par containers entiers. « Nous avons 4 000 références, mais aucune prestation, indique Patrick Lefebvre, PDG de Carter Cash. Notre univers est plus proche des casses que des grands réseaux. Nous économisons aussi sur la logistique. Le livreur ne passe pas tous les jours, mais plutôt toutes les deux semaines ».
Le vieillissement du parc automobile français est l'un des plus sûrs atouts de ces supermarchés du low-cost. « L'âge moyen d'une voiture est désormais de huit ans, il augmente sans doute en raison du renchérissement du prix des voitures neuves », explique Vincent Leblanc, PDG de France Pièces Automobiles qui revendique aussi l'appellation « low-cost ». Désormais, lorsque les autos ne sont plus soumises aux contraintes d'entretien liées à la garantie leurs possesseurs délaissent les réseaux. La multimotorisation est aussi l'une des clés de cet engouement assez récent. Les ménages disposant d'un premier ou d'un second véhicule veulent l'entretenir à moindre frais.
Ce nouveau type de commerce fait des émules. Le groupe FAP a créé les magasins Leader Centre Autos, parfois au prix de changement d'enseignes. L'idée de base est simple : peu d'investissements pour accroître les ventes et « générer une grande puissance d'achats pour obtenir des prix intéressants auprès des fournisseurs », explique Jean-Yves Brillet, PDG du groupe. Et ça marche : les centres classiques transformés ont multiplié leur chiffre d'affaires par trois. Ces magasins ont un chiffre d'affaires de l'ordre de 70 000 à 100 000 euros par mois.
Les nouveaux discounters ont une belle marge de progression. En Amérique du Nord, le nombre d'entreprises de ce type ne cesse de croître. Advance Auto Part compte 2 700 points de vente et Autozone plus de 4 100 aux États-Unis et au Canada.
Les garagistes traditionnels regardent désormais avec intérêt le développement de ce nouveau phénomène. « Ces magasins visent un marché de réparation de voitures qui sont hors réseau, souligne Bruno Courtois du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA). Il faudra attendre pour savoir si le modèle économique fonctionne vraiment. »