SAP, le logiciel conquérant

Publié le par Stéphane Jeanneteau

Ce logiciel allemand serait utilisé par une majorité d'entreprises suisses. Qui vont devoir faire face à une augmentation des coûts.

Il y a deux populations. Celle qui en ignore jusqu'à l'existence. Et celle pour qui il est un compagnon quotidien. SAP, trois lettres qui désignent aujourd'hui un logiciel intégré pour les entreprises, édité par la société allemande du même nom, laquelle présentait hier ses résultats trimestriels. Un rapide coup d'oeil. Le bénéfice net par rapport à la même période en 2007 est en baisse de 9%, à environ 652 millions de francs, du fait notamment de l'acquisition de la société française Business Object. Le chiffre d'affaires, lui, a suivi la tendance inverse, en hausse de 18%, pour s'établir à environ 4,6 milliards de francs.

Devant la Silicon Valley

Ces chiffres donnent la mesure de cette société qui s'affiche aujourd'hui comme le numéro 1 mondial du logiciel intégré d'entreprise, avec 51 200 employés, devant le géant américain Oracle. Un Européen qui dame le pion à la Silicon Valley, l'affaire n'est pas banale. La Suisse n'échappe évidemment pas au raz-de-marée. Elle a même été pendant plusieurs années le second marché le plus important pour SAP. En 2007, les clients helvétiques 80% des grandes entreprises du pays dit-on - ont ainsi permis à SAP de générer un chiffre d'affaires de 670 millions de francs.

On ne compte plus les entreprises qui adoptent SAP. Le parfumeur genevois Givaudan est en plein processus d'implémentation. Comme beaucoup, il a décidé de créer un groupe de travail, baptisé Projet Outlook et chargé notamment de choisir la formule s'adaptant le mieux à ses besoins. «SAP propose un logiciel de base sur lequel peuvent venir se greffer tout un tas de modules, comme des options sur une voiture, explique ce spécialiste en informatique qui préfère garder l'anonymat. Si vous n'y prenez pas garde, la facture peut vite se révéler très salée à la fin.»

Impossible de savoir combien Nestlé a déboursé pour passer sur SAP. Mais son choix est des plus symboliques. Au tournant du siècle, et sous la houlette du timonier Peter Brabeck, le géant veveysan s'engage dans un programme ambitieux de réorganisation et de rationalisation de ses structures. Il choisit alors SAP comme plate-forme informatique de cette grande révolution interne. «Avec ce logiciel, nous avons pu standardiser le traitement de 90% de nos activités», souligne Nina Backes, porte-parole. Il se dit même dans le sérail que, grâce à SAP, l'ancien patron Peter Brabeck pouvait tout savoir sur la situation de l'entreprise en un seul clic.

Chez Romande Energie, on n'imagine pas travailler sans cet outil. «Avec toutes nos activités de ventes, d'achats, la variété de nos fournisseurs et de nos clients, il n'y a guère que ce logiciel qui nous offre une vue d'ensemble aussi rapide et sûre, confie Daniel Herrera, porte-parole. D'ailleurs, tous nos partenaires sont en train de s'y mettre.» La société vaudoise a même créé, en 2004, un spin-off de son service informatique pour en faire une agence de consultants sur SAP baptisée Neo Technologies. «Nous avons aujourd'hui une quarantaine de collaborateurs et une vingtaine de clients, confie le directeur Bernard Sulliger. SAP n'a ni l'envie, ni les moyens d'assurer un suivi permanent pour chacun de ses clients, à part bien sûr pour les très gros comme Nestlé. Nous prenons donc le relais pour l'implémentation comme pour la formation et le suivi.» Le directeur ose avancer quelques chiffres. Pour les utilisateurs les plus modestes, l'acquisition de ce logiciel coûte au moins 100 000 francs. Les plus grosses sociétés, elles, doivent lâcher plusieurs millions de francs.

L'action en justice d'Oracle contre SAP a débuté en mars 2007, lorsqu'Oracle a découvert que TomorrowNow pillait son support en ligne pour assurer ses prestations de tierce maintenance sur les logiciels de PeopleSoft, Siebel et JD Edwards, propriété d'Oracle. A l'époque, SAP avait nié en bloc.

Pourtant, aujourd'hui, c'est toute la direction de SAP qui rejoint les salariés de TomorrowNow sur le banc des accusés. Oracle relance en effet son offensive en se fondant sur deux informations inédites. D'une part, il exhibe le contenu d'un document interne à SAP écrit en janvier 2005. Celui-ci informait les dirigeants des pratiques illégales de TomorrowNow. En dépit de cela, SAP a décidé d'acheter l'entreprise tout juste un mois plus tard.

D'autre part, SAP aurait utilisé un outil baptisé Titan pour récupérer les codes d'Oracle. Pas moins de 5 To auraient donc ainsi été récupérés en vue de faciliter la migration des clients des applications d'Oracle vers SAP. Oracle affirme également que SAP et TomorrowNow utilisaient des "milliers de copies" de ses logiciels. SAP devra répondre avant le 11 septembre.


Source :  www.tdg.ch

 

 

Publié dans L'actualité IT

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