Leclerc : historique

Publié le par Stéphane Jeanneteau

Leclerc : Supermarchés - Hypermarchés

« Acheter le moins cher possible pour vendre le moins cher possible ». La formule d’Edouard Leclerc est le concept fondateur du mouvement. De l’épicerie de Landerneau qu’il ouvrit en 1949 aux grandes surfaces d’aujourd’hui, le système E. Leclerc, fort de ses 470 membres indépendants, s’est affirmé comme une alternative à la distribution classique. Une « success story » où les hommes demeurent au centre d’une organisation unique tant sur le plan philosophique, juridique que financier.

 

L'histoire du mouvement est jalonnée d'étapes importantes

 

En 1956, ouvre le premier magasin de vêtements "Leclerc Vêtements" et déjà en 1958 une cinquantaine de magasins portent l'enseigne Leclerc.

 

Dans l'année qui suit, un comité de cadres de l'entreprise Merlin-Gerin ouvre à Grenoble un centre distributeur LECLERC. Il affiche des prix de 20 à 35% inférieurs à ceux du marché. Le premier magasin en région parisienne s'implante à Issy-les-Moulineaux. Le mouvement est lancé.

 

Dans les années 60, les magasins LECLERC s’agrandissent et adoptent la nouvelle formule du supermarché. En 1964, un an après l'ouverture du tout premier hypermarché Carrefour à Sainte Geneviève des bois, le magasin de Landerneau devient le premier hypermarché de l'enseigne.

 

En 1969, 75 magasins indépendants, sous l'implusion de Jean-Pierre Le-Roch font scission avec le mouvement et se regroupent sous l’enseigne EX qui sera rapidement rebaptisée Intermarché.

 

En 1992, E.LECLERC joue la carte de l'Europe en ouvrant son premier magasin à Pampelune. L'enseigne a ouvert depuis plus d'une vingtaine de magasins à l'étranger, en Espagne, au Portugal, en Slovénie et en Pologne.

 

L’enseigne de tous les défis

 

L’histoire des centres Leclerc est notoirement marquée par des combats dénoncant les atteintes portées au droit de la concurrence, de la libre-entreprise, et du libre-choix des consommateurs.

 

En 1960, la circulaire Fontanet modifie la législation sur le refus de vente. E.LECLERC gagne ses premiers procès contre les marques qui le boycottaient. Tous les centres E.LECLERC signent un contrat et s'engagent à acheter directement au producteur et à ne vendre que des produits de marque.

 

En 1973, Edouard Leclerc combat le texte de la loi Royer, qui allait être le premier d'une longue série limitant l'expansion des grandes surfaces. En 1979, le mouvement crée la SIPLEC afin de pouvoir vendre l'essence moins chère.

 

 Lorsque en 1981 Jack Lang accède au Ministère de la Culture, il impose le livre à prix unique. E.LECLERC veut démocratiser la lecture et outrepasse la loi avec des prix 20 % moins chers. Quatre ans plus tard, E.LECLERC est le deuxième libraire de France.

 

E.LECLERC démocratise l'or en 1986. Aujourd'hui 200 enseignes " Le Manège à Bijoux " distribuent les créations d'artisans français à des prix 40 % moins chers qu'en bijouterie traditionnelle.

 

Autres combats, autres victoires, en 1988, la justice réfute le monopole des officines sur les produits de parapharmacie et la même année le Ministère de l'Industrie autorise les centres à créer une station-service sur l'autoroute.

 

Sur le terrain de la citoyennété, Leclerc s'est engagé en faveur de la protection de l’environnement avec notamment la mise en place du premier système de sac réutilisable et surtout la suppression des sacs de caisse gratuits, opération pourtant risquée sur le plan de la fidélité de la clientèle.

 

En 2005, Leclerc plaide pour une réforme "massive et brutale" de la Loi Galland, qui a eu pour principal effet pervers d'entraîner une explosion des marges arrière, avec l'impossibilité pour les distributeurs de faire baisser les prix à la consommation, si ce n'est par le mécanisme de réduction via les cartes de fidélité, dans lequel toutes les enseignes se sont engouffrées.

 

En 2006, les premiers magasins "Leclerc Express" voient le jour, pour contrer la montée des hard-discounters. Une organisation unique

 

Tout le système Leclerc repose sur un réseau d'indépendants propriétaires d'un ou plusieurs supermarchés ou hypermarchés. Au total, ils sont 460 à posséder 561 magasins (dont 391 hypermarchés et 131 supermarchés). Tous sont réunis au sein d'une association de loi 1901 baptisée A.C.D. Lec, créée en 1964, et coprésidée par Edouard Leclerc et son fils Michel-Edouard Leclerc. Cette association prend les grandes décisions stratégiques, permet de gérer en commun la politique de prix, de communication nationale ou l'informatique. L'association concède l’enseigne aux adhérents du mouvement autour de 3 exigences: respect de la politique des prix bas, mise en place de la participation des salariés aux résultats de l’entreprise, contribution active à la vie du mouvement à travers sa participation aux équipes d’achat ou de référencement.

 

Contrairement à ce que pratique le mouvement concurrent Intermarché, les décisions ne sont pas déléguées à une équipe dirigeante. Elles sont prises en commun par la totalité des adhérents qui se réunissent régulièrement tous les deux mois. Le Galec (groupement d’achat Leclerc), centrale de référencement national du mouvement, est l’outil commercial de l’enseigne avec les 16 centrales d’achats (les SCA) implantées en régions.

 

Le concept Leclerc dans son ensemble a été formalisé en 2000, lors du rapprochement avec le réseau coopératif italien Conad. En 2004, afin d'assurer la pérennité du concept Leclerc, la famille propriétaire du nom n'a pas hésité à céder la marque Leclerc et ses dérivés à ses adhérents pour un prix somme toute modique de 120 millions d'euros pour une entreprise devenue en un peu plus de 50 ans le numéro un de la grande distribution en France devant Carrefour.

 

En 1999, l'action personnelle de Michel-Edouard auprès des adhérents a permis le rapprochement avec Système U, qui a donné naissance à la centrale d'achat Lucie (L'Union des Coopérateurs Indépendants Européens)

 

Toutefois, suite à des désaccords et aux réformes diverses de la loi Galland, Leclerc et Système U décident en 2006 de limiter les missions de LUCIE à un partenariat économique inattaquable sur le plan juridique (carburants, logistique, etc…) et de poursuivre chacun de leur côté leurs alliances européennes, respectivement dans Coopernic et EMD.

 

L'avenir

 

Pour l'heure, le mouvement est confronté à deux problèmes qu'il lui faudra résoudre.

 

Le premier, qui est un vrai choix stratégique, concerne le développement à l'étranger. La structure même du mouvement constitué d'indépendants ne favorise pas la mise en commun de capitaux importants pour s'attaquer à des pays neufs, où nécessairement, les investissements sont lourds. Ceci explique le nombre peu élevé à ce jour de magasins hors des frontières, le seul pays où l'enseigne a vraiment pris ses risques étant la Pologne.

 

La seconde épée de Damoclès qui pèse sur les Centres Leclerc est la transmission des magasins. Nombre d'adhérents approchent de l'âge de la retraite et voudraient pouvoir céder leur supermarché ou leur hypermarché. Mais ils valent des fortunes, environ un an de chiffre d'affaires. Or les magasins réalisent entre 20 et 130 millions d'euros de chiffre d'affaires. Dans ces conditions, il est impossible à des jeunes de reprendre le flambeau. Seules les grandes enseignes concurrentes ont les moyens d'offrir de tels prix, ce qui constitue à l'évidence une menace à terme.

 

Les chiffres

 

Les Centres Leclerc ont réalisé en 2005 un chiffre d'affaires de 28,5 milliards d'euros (23,2 millards hors carburants). L'enseigne confirme ainsi sa place de leader en France avec une part de marché de 17,1 %, assez loin devant Carrefour (14,8% hors Champion) , Intermarché (10,8%) et Auchan (10,5%).

 

L'enseigne a su investir dans une stratégie de diversification puisque ses 252 manèges à bijoux, 102 espaces culturels, 90 parapharmacies, 31 parfumeries, 147 agences de voyages, 81 centres auto, 68 grandes surfaces de bricolage et jardinage génèrent désormais 6,4 % du chiffre d’affaires du groupe et contribuent pour un tiers à sa croissance. Tous ces concepts connaissent un développement important tant en nombre de point de vente que de chiffre d’affaires. Les progression de CA des Espaces Culturels (+ 14 %), de la parapharmacie (+ 17,6 %), et du voyage (+ 17,8 %) témoignent de cette performance.

 

Le mouvement Leclerc emploie à ce jour plus de 80.000 collaborateurs. 

Publié dans Les enseignes

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