Les catalogues électroniques passent aux flux poussés

Publié le par Stéphane Jeanneteau

Les catalogues électroniques passent aux flux poussés
Les catalogues électroniques du réseau français EANnet.fr ont commencé de basculer du mode flux tirés au mode flux poussés, le pub-and-sub des Nord-Américains. Une révolution qui cible l'automatisation de la relation industriels-distributeurs.
 
Jean-Claude Streicher , 01 Réseaux, le 01/01/2005 à 00h00
 
 
Les catalogues électroniques sont un élément clé de la réussite du commerce électronique. Parmi de nombreuses initiatives, on relève celle du groupement de normalisation Gencod EAN France, qui entendait, avec son projet EANnet.fr, interconnecter, via sa plate-forme, tous les catalogues de produits créés par des fournisseurs en France. Il s'appuyait pour cela sur un format XML provisoire. Les distributeurs n'auraient eu à lancer qu'une seule requête à travers leur propre catalogue, raccordé à la plate-forme EANnet.fr, pour être documentés sur les produits des fournisseurs.
 
À l'usage, ce mode « en flux tirés » a révélé ses limites : il n'assurait pas de synchronisation en temps réel des bases de données entre industriels et distributeurs. Ces derniers devaient effectuer régulièrement des recherches pour s'assurer de la fraîcheur de leurs informations. Dans le même temps, la première version du standard global EAN.UCC, issu de la coopération entre Européens et Américains, et employant le format XML pour décrire les fiches produits, s'avérait incomplète. Son usage nécessitait des aménagements de la part des distributeurs, souvent effectués de façon non concertée et impliquant, de la part des industriels, des traitements manuels et des actions spécifiques pour chaque distributeur.
 
Une double révolution
 
Du coup, Gencod EAN France avait l'occasion d'accomplir une double révolution : se libérer des inconvénients du mode tiré, et créer le premier réseau de catalogues électroniques conforme aux nouveaux formats internationaux. Ainsi est né, début 2004, le réseau EANnet.fr v.2, exploitant en natif le nouveau format EAN.UCC XML 1.3.1 ainsi que la synchronisation des données produits réalisée « en flux poussé » , recommandée par l'EAN.UCC. Les spécifications EAN.UCC ne couvrant pas tous les besoins français, Gencod EAN France a entrepris également de les compléter. Cinquante-sept attributs ont été ajoutés aux cent cinquante et un qui avaient déjà été définis. Ces attributs complémentaires permettent en particulier de préciser des variables réglementaires et fournisseurs dans la fiche produit. Le mode tiré a ainsi été complété par un mode poussé sur profils de souscription du distributeur, en anglais pub-and-sub (publish and subscribe) . Les fournisseurs publient les informations sur leurs produits dans les catalogues de leur choix, et les distributeurs les reçoivent en flux poussés, selon des profils de souscription normalisés.
 
un « panier de synchronisation »
 
Concrètement, les fournisseurs maintiennent au jour le jour et pour chaque distributeur un « panier de synchronisation » , de telle sorte que leur catalogue poussera les bonnes fiches vers les bons distributeurs, avec les dernières modifications. Les distributeurs sont ainsi assurés de ne recevoir que les données qu'ils ont demandées et qu'ils pourront directement synchroniser avec leurs propres référentiels. « Ce modèle est une simplification du schéma GDSN (Global data synchronization network) proposé par l'EAN.UCC au niveau international » , souligne Benjamin Couty, responsable de projets Catalogues et Réseaux chez Gencod EAN France. En effet, le GDSN suppose l'existence d'un annuaire mondial des fiches produits, le global registry, qui relie tous les catalogues du monde et qui vérifie la conformité des fiches au format EAN.UCC afin de réduire les risques d'erreur. Mais dans la réalité, on constate, face à cet annuaire mondial, que la grande masse des produits de consommation continue en fait de s'organiser sur des bases nationales. En Europe, la plupart des entités EAN nationales (Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni...) ont ainsi constitué des catalogues uniques. La France ne s'en démarquant qu'à la marge, dans une approche moins centralisatrice, avec son réseau EANnet.fr des catalogues électroniques.
 
Sur le terrain, la nouvelle architecture, dite de « synchronisation poussée » , commence à prendre forme.
 
Trois outils interopérables avec EANnet.fr v. 2 ont déjà été certifiés par Gencod EAN France : IBS Portal, de Soft Solutions, les modules Sales et Retail, de Catalogic, et Parangon, modèle simplifié de catalogue industriel-distributeur développé par Seres, sur cahier des charges de Gencod.IBS Portal est un gestionnaire d'informations sur les produits (PIM ou Product information manager) en XML, destiné à tout type de distributeur, généraliste ou spécialisé. Il définit le profil de souscription, réceptionne le flux poussé, et synchronise son propre système d'information au moyen d'un moteur de workflow . IBS Portal est en cours de validation (mais pas encore en version 2) dans le groupe Provera (Cora, Match, etc.), qui utilise déjà d'autres outils de Soft Solutions pour la tarification et la gestion des promotions. Catalogic Sales est un outil XML de diffusion de données produits (fiches et mises à jour) destiné aux industriels. Quant à Catalogic Retail, également en XML, il s'apparente à IBS Portal. Il a été adopté par M. Bricolage, Weldom ainsi que par Auchan en entrée de son système de référencement. En revanche, Auchan et Casino demanderont à leurs fournisseurs de passer par la plate-forme d'échange de données produits WWRE (World wide retail exchange) , qu'ils ont fondée conjointement avec d'autres leaders internationaux de la grande distribution comme Delhaize, Royal Ahold, Coopi Italia, El Corte Ingles, Tesco, etc.
 
Le décollage des catalogues synchronisés en 2005
 
Enfin, le Parangon, proposé par Gencod EAN France, entend être à la fois une plate-forme de test pour la certification v. 2, un catalogue de démonstration pour les adhérents de Gencod EAN France, et un catalogue opérationnel pour les petits industriels gérant un nombre limité de références. « Nos adhérents distributeurs passent peu à peu au modèle de synchronisation poussée, et cela d'autant plus facilement que ce modèle accepte aussi bien les anciens messages EANCom-Edifact que les nouveaux formats EAN.UCC XML, souligne Benjamin Couty. Leroy Merlin, Système U et Leclerc (via la Bibliothèque Lucie) l'ont adopté et sont suivis par la Camif, Casino, Castorama, Cora et Galeries Lafayette. Tous les distributeurs ont la synchronisation poussée dans leurs priorités de 2005. »
 
L'interface technique Lucie, des centrales d'achat Leclerc et Système U, qui s'était constituée sur les technologies EANCom-Edifact, devrait passer au format XML dès la publication des spécifications XML 2.0 pour l'information produit, soit en natif, soit via un traducteur, selon le volume des flux qui seront alors échangés. Son interopérabilité a déjà été certifiée avec les outils Catalogic Sales, Equadis, Influe et @GP.
 
Après l'avoir différé d'année en année, l'ensemble des acteurs prévoit donc un décollage des catalogues synchronisés en 2005. Outre la réduction des litiges entre les fournisseurs et les distributeurs, l'automatisation devrait éviter les ruptures dans la chaîne de réapprovisionnement, et améliorer la mise à jour des informations. Et la traçabilité reposerait enfin sur des bases solides, de même que la planification collaborative des ventes et des promotions.
 
Vers des fiches produits EAN.UCC toujours plus complètes
Le format EAN.UCC normalise désormais quelque deux cents attributs produits et fournisseurs (dont 151 au niveau mondial). Il permettrait donc d'établir une fiche mondiale unique pour chaque produit, prenant en compte toute variante locale. Et pourtant, il n'est toujours pas exhaustif. Il faudra aussi qu'il puisse prendre en compte certaines évolutions métiers, et, surtout, qu'il normalise la descente tarifaire, depuis le prix de base jusqu'au prix net facturé, avec les remises tarifaires, logistiques et quantitatives, pour permettre également une synchronisation en continu des prix de vente et des tarifs. Le changement de nom des structures EAN nationales concrétisera l'aboutissement de cet énorme effort de standardisation. Début 2005, Gencod EAN France deviendra ainsi GS1 France (Global standard number one) .
 
 
 
GDSN restreint UCCNET au marché américain
EAN International et UCC ont lancé, en août 2004, un réseau de synchronisation des informations produits via internet, selon les standards EAN.UCC : le GDSN (Global data synchronisation network). Un registre global, le GS1 global registry , a également été ouvert. Il sert de passerelle afin de localiser un catalogue produits ­ qu'il soit issu d'un fournisseur ou d'un distributeur. Enfin, un test d'interopérabilité a été mené par la société Drummond Group, sur l'échange d'informations via le réseau GDSN. La synchronisation réussie avec le GS1 global registry et avec au moins deux autres catalogues produits participant aux tests a été validée pour sept plates-formes techniques, dont celles de Transora, WWRE, UCCnet, Global eXchange Service (place de marché de Carrefour) et Sterling Commerce. UCCnet se mue en point de passage vers des fournisseurs ou revendeurs aux États-Unis. Il n'est plus qu'un mode d'accès au GDSN, et non l'ultime noeud de synchronisation.
 
 
 
La bibliothèque Lucie en chiffres
Lucie, la bibliothèque produits des centrales d'achat Système U et Leclerc, héberge 420 000 fiches produits de 80 fournisseurs, dont 320 000 fiches unités consommateurs et 70 000 fiches unités logistiques. Un cinquième de ces produits est renouvelé chaque année, et les tarifs changent au moins une fois par an et par produit. Mais l'intégration avale n'a pas encore été homogénéisée. Elle est toujours manuelle dans certaines centrales, ou réalisée à travers leur outil de gestion d'entrepôts. Certaines centrales ont toutefois commencé de modifier leur système d'information pour intégrer les modifications. Au mieux, 40 % des produits sont aujourd'hui gérés à partir de Lucie. L'objectif de 100 % est visé pour la fin de l'année. Cette synchronisation en interne est capitale. Toute nouvelle information produit doit automatiquement être répercutée dans l'ensemble du système. « C'est la principale difficulté, chez l'industriel comme chez le distributeur » , commente Spencer Marlow, responsable marketing de Sterling Commerce. Cet éditeur propose Sterling Integrator, qui réalise ce déploiement pas à pas au moyen d'un workflow en mode ASP. Il est utilisé par Wal-Mart, Cadbury Schweppes et Heinz.

Publié dans Domaines IT

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