L'aventure japonaise de Wal-Mart tourne au fiasco

Publié le par Stéphane Jeanneteau

L'aventure japonaise de Wal-Mart tourne au fiasco
 
La chaîne de supermarchés japonais en difficulté Seiyu, contrôlée par le géant américain, a aggravé ses pertes en 2005. Elle prévoit une détérioration bien plus forte de ses résultats en 2006.
 
La malédiction qui poursuit les distributeurs étrangers implantés au Japon toucherait-elle l'américain Wal-Mart ? Seiyu, le spécialiste nippon des supermarchés repris par le leader mondial de la distribution, a annoncé pour 2005 des résultats catastrophiques avec une perte nette de 17,8 milliards de yens (126,7 millions d'euros) pour un chiffre d'affaires en baisse de 3,3 %, à 997 milliards de yens. Pire : il prévoit pour 2006 une nouvelle perte nette, de 54,5 milliards, ce qui constituera le cinquième exercice déficitaire pour Seiyu, dans lequel Wal-Mart a pris une participation minoritaire en 2002, avant de détenir 53 % du capital depuis décembre. Ces résultats sont d'autant plus calamiteux que les autres distributeurs profitent de la reprise de l'économie intérieure et de la solide consommation des ménages nippons.
 
Stratégie de prix cassés. Ed Kolodzieski, transfuge de Wal-Mart récemment nommé à la tête de Seiyu, a mis cette nouvelle "annus horribilis" sur le compte d'investissements lourds destinés à remettre sur pied le groupe. "Nous avons fait des efforts en 2005 qui paieront à l'avenir", a-t-il martelé. Mais la formule du leader mondial du secteur, qui a fait son succès aux États-Unis notamment, ne marche tout simplement pas au Japon : "Non seulement le marketing que Wal-Mart a appliqué ici ne fonctionne pas, mais au surplus l'américain ne parvient pas à augmenter sa rentabilité", explique un analyste.
 
L'an dernier, Wal-Mart a tenté, sans succès, de vendre aux Japonais sa stratégie de prix cassés dite "everyday low price" (chaque jour les prix les plus bas). Il importe de Chine des produits de qualité médiocre, espérant sensibiliser les consommateurs nippons aux prix bas ; mais le prix n'a jamais été le facteur déterminant pour les Japonais, comme l'ont appris à leurs dépens notamment les distributeurs Boots, Sephora et surtout Carrefour, qui finalement s'est retiré du Japon en 2004. Ikea, qui ouvrira en avril un gigantesque magasin, observe avec inquiétude les difficultés de Wal-Mart et réfléchit à son propre positionnement.
 
Malgré tout, le géant américain croit encore au marché japonais. Alors qu'il a investi 115 milliards de yens en décembre dans Seiyu, Wal-Mart aimerait récupérer une partie de l'immense groupe de distribution Daiei, en grande difficulté et actuellement restructuré par le fonds de revitalisation industrielle japonais. Mais le gouvernement, qui vient d'écarter L'Oréal de la reprise de Kanebo, semble apprécier de moins en moins les entreprises étrangères.
 
Un modèle en difficulté
Les chiffres clés de la chaîne Seiyu contrôlée par Wal-Mart au Japon :
408 magasins pour un chiffre d'affaires de 997 milliards de yens (- 3,3 %) en 2005
Perte nette 2005 : 17,8 milliards de yens
Perte nette estimée pour 2006 : 54,5 milliards de yens
 
 

Publié dans Les news

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