Le printemps aux italiens

Publié le par Stéphane Jeanneteau

A moins d'un coup de théâtre, le réseau de grands magasins
détenu par PPR passe sous contrôle de l'homme d'affaires italien
Maurizio Borletti, président de la Rinascente.
 
 
 
SAUF surprise de dernière minute – et il y en a eu ces dernières heures –, l'affaire est conclue : PPR a cédé son réseau de grands magasins du Printemps. L'acquéreur est un inconnu du grand public français : Maurizio Borletti, 39 ans, président et actionnaire de référence des grands magasins italiens la Rinascente, associé pour l'occasion à un consortium bancaire emmené par l'établissement français Natexis. En 1993, ce chef d'entreprise avait déjà repris la maison Christofle, au nez et à la barbe de Taittinger.
 
De sources proches du dossier, le prix de vente serait inférieur à 1,1 milliard d'euros. Officiellement, aucune annonce n'a été faite et, hier en fin de journée, une porte-parole se contentait de dire que le groupe ne commentait pas les rumeurs. Un comité de groupe PPR, conseillé dans cette opération par Rothschild, est prévu mercredi. Il sera suivi d'un comité central d'entreprise les 29 et 30 juin.
 
Les négociations se sont accélérées ce week-end
 
Il ne s'agit pas, au sens strict, d'un rachat du Printemps par la Rinascente. Dans les faits, Maurizio Borletti finance cette reprise à l'aide d'un «LBO», une opération de rachat avec effet de levier. Lui et des proches apportent les fonds propres. Quant au pool bancaire, il finance la dette. Il est très probable ensuite que des rapprochements industriels soient rapidement mis en place avec la Rinascente, car il s'agit bien de tirer des synergies entre les deux entreprises.
 
L'opération n'a pas été menée en direct par la chaîne italienne pour des raisons financières. Dans la mesure où Maurizio Borletti est devenu propriétaire il y a un an de la chaîne italienne en recourant également à un LBO, il était impossible de faire supporter la dette d'acquisition par la Rinascente, déjà lourdement endettée. Du coup, Rinascente et Printemps seront chapeautés par deux holdings distincts dans lesquels Maurizio Borletti est actionnaire.
 
Concernant le management, rien n'était totalement arrêté hier après-midi. Il n'est pas exclu que Laurence Danon, actuelle présidente du Printemps, reste donc à la tête de la célèbre enseigne dont le navire amiral est boulevard Haussmann à Paris.
 
François Pinault avait racheté le Printemps en 1992 au groupe suisse Maus. En le vendant, PPR tourne le dos à une partie de son nom, et il tire un trait sur une activité mondialement connue mais peu rentable comparée aux performances de ses métiers du luxe. L'an dernier, le Printemps a réalisé un chiffre d'affaires de 752 millions d'euros et son résultat d'exploitation a été de 26 millions d'euros. La rumeur d'une cession du Printemps a plus d'un an. Mais le processus s'est accéléré ces derniers jours. Le week-end dernier, il restait deux candidats en lice, Maurizio Borletti ainsi que les Galeries Lafayette alliées à Rodamco. Le groupe immobilier Unibail, qui avait mené longtemps des discussions exclusives avec PPR, s'était finalement retiré de la course. A dix jours des soldes d'été, PPR doit agir vite pour ne pas démobiliser le personnel du Printemps. Hier, déjà, les syndicats redoutaient des suppressions d'emplois.

Publié dans Les news

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